Coffret L’Éloge du choc

Au début de l’été dernier, je reçois comme chaque matin sur Facebook, au même titre que plusieurs milliers d’internautes, une image photographique d’un artiste plasticien AU-DESSUS DES NUAGES.

Ce jour-là, l’image qui m’apparaît et qui me fait face sur mon ordinateur est un choc. Un choc qui me trouble et me secoue car il touche précisément à mon désir irrépressible de liberté et à ma nécessité urgentissime de peindre.

Le premier carnet, «  Un’ estate in Veneto, vagabonda dietro alla luna  », retrace en parallèle l’onde encore vibrante après ce choc. C’est un journal intime de photographies et d’écrits créés, compilés en un carnet de voyages. Cartes postales polysémiques, elles sont dédiées à l’artiste et postées en juillet sur Facebook sans adresse directe. C’est un regard intérieur et papillonnant sur la beauté inspirée par le retour sur les terres familiales en Italie, loin des ruptures.

Au printemps suivant, je suis «  précisément  » invitée au vernissage d’une exposition de dessins de l’artiste. Je m’y rends avec un panier de trente-six pommes et autres objets qui donneront le ton de la rencontre. Une semaine plus tard, je lui donne rendez-vous à la galerie et lui offre en hommage l’ébauche de ce premier carnet. Ce geste manifeste ouvrira une série d’offrandes qui lui seront destinées et qui seront le témoin d’un processus de création dans lequel je semble m’engager.

Le deuxième carnet, «  Variations d’une fin d’été avant précipités bleutés  », retrace un retour dans le quotidien en peine sur les terres du pays de Caux en Normandie après le voyage en Italie. Mélancolique, il s’ancre comme les nuages aux désirs de liberté, d’envols et d’infini. Dédicacé à l’artiste avec une seconde offrande, il formule avec certitude et exaltation un désir de création. Le troisième carnet,  » À la recherche de l’atelier perdu, sur les chemins de l’intranquillité  », est un repérage de lieux en marge autour des maisons familiales. Composé en carnet de repères, il fait l’éloge des espaces autres, les terrains vagues de la maison qui sont les abris des rêveries et des libertés et qui constituèrent mes premiers espaces d’ateliers depuis l’enfance. Conçu et créé dans «   Une chambre à soi   » à Paris, c’est une quête ouverte de ce qui fait atelier et le cheminement d’un retour à la création. Une semaine avant la fin de l’exposition de l’artiste, je dépose à son attention l’esquisse de ce troisième carnet avec une troisième offrande. Troisième volet d’un triptyque, il annonce une œuvre à venir. Le processus de création est en route. Il est parsemé d’offrandes à l’artiste, qui sont autant d’objets, ready-made, sculptures ou carnets créés par-delà lui.

Au fond du coffret, le petit livre bleu, «  Le Sillon de l’onde   » fait l’écho de cette rencontre qui fut si singulière, drôle et poétique.

Anne Vergoli, septembre 2015.